Les images de catastrophes, les conflits dans le monde, les pandémies, les alertes climatiques… Notre quotidien est ponctué d’événements souvent bouleversants, largement relayés dans les médias et sur les réseaux sociaux. Même si l’on souhaite les préserver, les enfants entendent, voient, ou ressentent ces inquiétudes. Et très souvent, ils n’ont pas les mots (ni les outils) pour les comprendre. En tant que parent, vous vous demandez peut-être : « Dois-je tout dire à mon enfant ? Dois-je cacher certaines choses ? Et surtout, comment en parler sans l’inquiéter davantage ? ». Trouver cet équilibre délicat est essentiel, car un enfant qui n’a pas d’explication à ses angoisses peut facilement les amplifier ou les transformer en peurs silencieuses.
Les enfants captent plus qu’on ne le pense
Même lorsque les informations ne leur sont pas directement adressées, les enfants ressentent l’ambiance générale. Une discussion entre adultes, un mot à la radio, une image vue par hasard à la télévision… et leur imagination fait le reste. Ils peuvent aussi percevoir le stress de leurs parents, sans en comprendre la cause.
C’est pourquoi il est souvent préférable de leur parler, plutôt que de laisser leur esprit combler les vides avec des scénarios encore plus effrayants.
Adapter le discours à l’âge et à la sensibilité de l’enfant
Avant de répondre à une question ou de lancer une discussion, il est essentiel de considérer l’âge de l’enfant et son niveau de maturité. Un enfant de 5 ans n’a pas besoin des mêmes explications qu’un enfant de 10 ou 13 ans. De manière générale :
- Avant 6 ans : gardez un discours simple et rassurant. Il s’agit surtout de répondre à ses inquiétudes immédiates, sans entrer dans les détails.
- Entre 6 et 9 ans : l’enfant commence à poser plus de questions. Il peut comprendre des explications plus nuancées, mais a encore besoin de repères concrets et de sentir que les adultes ont le contrôle.
- À partir de 10 ans : il peut suivre les actualités, comprendre les enjeux globaux, et exprimer une pensée critique. Il est important d’ouvrir le dialogue pour l’aider à trier et digérer ce qu’il entend.
Quel que soit l’âge, observez la personnalité de votre enfant : certains sont naturellement plus sensibles, et il est important de ne pas imposer un discours anxiogène s’il n’a rien demandé.
Accueillir les émotions, avant d’expliquer
Face à une remarque du type « J’ai peur qu’il y ait la guerre ici » ou « Pourquoi il y a autant d’incendies ? », il est tentant de corriger tout de suite : « Mais non, ne t’inquiète pas, ça n’arrivera pas. » Pourtant, avant de rassurer, il est important de valider l’émotion ressentie.
Vous pouvez dire :
“Tu as entendu quelque chose qui t’a fait peur, c’est ça ?”
“C’est normal que ça te trouble, moi aussi parfois je trouve ça difficile.”
Cette étape est essentielle pour que l’enfant se sente écouté et compris, ce qui diminue déjà son anxiété. Ensuite seulement, vous pourrez expliquer.
Utiliser des mots simples… mais vrais
Inutile de trop en dire, mais inutile aussi de tout cacher. Les enfants ressentent quand on les contourne, et cela peut créer de la méfiance ou encore plus d’angoisse. L’idéal est d’expliquer avec des mots adaptés, en restant factuel, mais rassurant.
Par exemple :
“Dans certains pays, des gens se battent parce qu’ils ne sont pas d’accord. C’est triste, mais il y a aussi des personnes qui travaillent pour qu’ils se réconcilient.”
“Il y a eu un gros feu dans une forêt. C’est impressionnant, mais les pompiers ont fait tout leur possible pour protéger les gens.”
Ce type de discours permet à l’enfant de comprendre l’événement, sans l’imaginer comme un danger immédiat pour lui ou sa famille.
Limiter l’exposition directe aux médias
Les journaux télévisés, les réseaux sociaux ou les radios d’info en continu diffusent en boucle des images ou des récits très durs, souvent destinés aux adultes. Il est préférable d’éviter que les enfants y soient exposés directement, même en fond sonore.
Privilégiez des formats adaptés à leur âge : livres, vidéos éducatives, magazines jeunesse… Certains supports comme 1 jour, 1 actu proposent des contenus pédagogiques pour les enfants à partir de 7 ans, avec une approche calme et adaptée.
Rétablir un sentiment de sécurité
L’une des plus grandes peurs d’un enfant, face à une actualité difficile, est de ne plus se sentir en sécurité. Il peut s’imaginer que ce qui se passe ailleurs pourrait arriver chez lui. Rassurez-le sur sa vie quotidienne, ses repères, la stabilité de son entourage.
N’hésitez pas à lui rappeler que des adultes sont là pour le protéger : les parents, les enseignants, les pompiers, les médecins, les policiers… Tous ces métiers contribuent à faire en sorte que le monde reste un endroit sûr, malgré les épreuves.
Donner des clés pour agir (même à petite échelle)
Un excellent moyen d’aider l’enfant à gérer ce qu’il ressent est de lui proposer une action concrète. Par exemple, écrire un mot pour soutenir une cause, participer à une collecte, planter un arbre pour parler du climat, faire un dessin pour envoyer du réconfort…
Ces petits gestes donnent le sentiment de ne pas rester passif, et renforcent le sentiment de compétence face à des événements parfois paralysants. L’enfant comprend qu’il peut, lui aussi, être un acteur positif dans le monde.
Parler pour apaiser, pas pour effrayer
Parler d’actualité anxiogène avec un enfant, c’est avant tout lui tendre un filet de sécurité émotionnelle. Ce n’est pas lui livrer une vision brute et inquiétante du monde, mais lui ouvrir une porte vers la compréhension, la résilience, et l’humanité.
Chez Ease Parenting, nous croyons que même les sujets les plus complexes peuvent être abordés avec douceur et intelligence. En vous outillant, vous offrez à votre enfant la capacité de faire face, sans être submergé. Car l’objectif n’est pas de tout lui dire… mais de ne jamais le laisser seul avec ses peurs.
